• Mes yeux, vous m'êtes superflus ;
    Cette beauté qui m'est ravie,
    Fut seule ma vue et ma vie,
    Je ne vois plus, ni ne vis plus.
    Qui me croit absent, il a tort,
    Je ne le suis point, je suis mort.

    O qu'en ce triste éloignement,
    Où la nécessité me traîne,
    Les dieux me témoignent de haine,
    Et m'affligent indignement.
    Qui me croit absent, il a tort,
    Je ne le suis point, je suis mort.

    Quelles flèches a la douleur
    Dont mon âme ne soit percée ?
    Et quelle tragique pensée
    N'est point en ma pâle couleur ?
    Qui me croit absent, il a tort,
    Je ne le suis point, je suis mort.

    Certes, où l'on peut m'écouter,
    J'ai des respects qui me font taire ;
    Mais en un réduit solitaire,
    Quels regrets ne fais-je éclater ?
    Qui me croit absent, il a tort,
    Je ne le suis point, je suis mort.

    Quelle funeste liberté
    Ne prennent mes pleurs et mes plaintes,
    Quand je puis trouver à mes craintes
    Un séjour assez écarté ?
    Qui me croit absent, il a tort,
    Je ne le suis point, je suis mort.

    Si mes amis ont quelque soin
    De ma pitoyable aventure,
    Qu'ils pensent à ma sépulture ;
    C'est tout ce de quoi j'ai besoin.
    Qui me croit absent, il a tort,
    Je ne le suis point, je suis mort.


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