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    Je vous propose d’entrer dans mon univers, que j’appelle mes « Poésimages », mélange de poésie et d’image, synthèse forte entre la couleur des mots et le sens du réel.

    Je voudrais que tout le monde puisse, très librement, entrer dans cet univers, le faire sien, de façon informelle et dans le seul souci de l’échange et du partage. Je voudrais placer cette rencontre sous le signe du partage et de l’échange. Et parce que l’art de la citation est souvent l’art de laisser un grand génie dire en peu de mots et en bien mieux ce que l’on aurait exprimé de travers ou en trop de mots, je me permettrais de citer Proust, qui, mieux que personne, a décrit en quoi consistait ce partage que j’appelle de mes vœux maintenant, entre vous et moi : « Par l’art seulement, nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l’infini. »

    Ces mots de Proust, ils valent aussi bien pour les images que vous voyez ici que pour les poèmes. On pourrait croire que ces deux passions qui sont les miennes, la poésie et la photographie, n’ont rien de commun, qu’elles sont deux territoires bien délimités et étrangers l’un à l’autre. La photographie, en effet, ne dit rien : elle montre, elle est un art de l’espace, un art de la vue, qui a besoin des formes, des matières, de la couleur et de la lumière du réel. La poésie quant à elle est un art du temps, un art de la pensée, de l’oreille, elle a plus d’affinités avec la musique. Pourtant, à mes yeux, poésie et photographie sont deux sœurs jumelles. Et comme deux sœurs jumelles, elles se ressemblent et se complètent. Elles se complètent, pour les raisons que je viens d’évoquer et qui tout d’abord les opposaient : disons que la poésie ajoute une musique aux photographies et leur confère un souffle qui peut-être les fait respirer comme des êtres vivants. De même, la photographie ne se contente pas d’illustrer le poème, elle lui donne de la chair.

    Mais ce que poésie et photographie ont en partage, c’est l’image. La poésie n’est pas pure musicalité et pure expression : elle ne serait rien sans les images, sans ces comparaisons et ces métaphores qui ont le pouvoir de contracter deux réalités qui alors s’unissent par le charme de la beauté, images qui permettent aussi, par des évocations concrètes, de dire l’invisible, c’est-à-dire le temps qui passe, les sentiments, et justement la beauté de chaque instant. Une photographie, en revanche, ce n’est pas qu’une image. Pour qu’elle soit bonne, il faut y investir beaucoup d’imagination. D’abord pour le photographe, qui doit non seulement savoir observer, mais également sur-interpréter ce qu’il voit : si par exemple je me porte pour ma part plus volontiers sur les modèles humains, c’est parce que nos comportements sont souvent riches de signification et inépuisables. Un regard, un geste, une démarche… Les gens que je vois vivre, eux, ne me voient pas. Tout va très vite. Je choisis l’angle, la bonne distance qui me sépare d’eux, les différents éléments qui vont s’incruster avec eux – bref, comme un peintre, je compose mon tableau –, et quand je suis prêt, en moins de cinq secondes le cliché est pris. Et je sais que j’ai choisi le moment opportun. La photographie, alors, est aussi une manière de dire la beauté de chaque instant.

    Mais pour généraliser mon propos, je dirais que l’espace qui sépare la photographie du poème, c’est le même espace qui sépare la photographie ou le poème de votre regard, le même espace enfin qui sépare votre regard du mien. Dans cet espace, il n’y a pas de vide, ou s’il y en a un, il peut être comblé. Et c’est l’art seulement qui peut combler ce vide, c’est l’art qui établit une forme désintéressée d’échange et de communication, entre les uns et les autres, entre soi et soi-même. Tel est le sens des mots du philosophe Alain, pour qui « tous les arts sont comme des miroirs où l’homme connaît et reconnaît quelque chose de lui-même qu’il ignorait ».

    Je vous invite donc à un voyage dans cette part d’humanité que j’observe et qu’à ma façon je dis. Les plus beaux voyages ne sont-ils pas ceux que nous projetons dans nos esprits ? Laissez-vous emporter par les mots, la pensée libre et recevez la poésie comme un cadeau. Je livre à vos regards ces quelques réflexions, ces bien fragiles créations.

    Merci pour votre passage sur mon site


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